Pour les non-initiés, les croisières pour homosexuels peuvent semble représenter le sommet de l’hédonisme. Il faut dire que passer toute une semaine aux côtés de centaines d’autres hommes gays un brin libidineux et prêts à faire la fête a de quoi surprendre. Avec son premier long-métrage « Dream Boat » qui sort le 28 juin en salles, le réalisateur Tristan Ferland Milewski casse ce stéréotype à travers l’exploration de ce microcosme à bord de « The Cruise ». Le jeune documentariste s’est ainsi infiltré dans cette fête démentielle tout en révélant de surprenantes et touchantes tranches de vie.
Dans ce monde apparemment où l’alcool coule et la drague est hyper-libéré, le réalisateur réussit le pari de créer avec humour une véritable empathie envers les personnages qui parlent ouvertement de désirs, de couples et de fantasmes. Dévoilé en avant-première à la Berlinale, « Dream Boat » suit cinq protagonistes à bord d’un bateau de croisière durant sept jours de soleil, de rêves et de gigantesques swimming pool party. Avec 3000 hommes de tous âges, aux tenues parfois aussi extravagantes que moulantes, il y a plein d’opportunités pour se faire plaisir, trouver l’amour ou se changer les idées tout en profitant de l’air du large.
Une échappée belle entre fêtes, confidences et personnages hauts en couleur
« It’s raining men ! ». Si la clientèle entièrement homosexuelle semble d’abord préoccupée par des sujets comme la beauté du corps et la recherche d’aventures sexuelles, les trajectoires qui ressortent du documentaire sont quelque peu différentes : Marek, un jeune Polonais tout en muscles souhaite être aimé comme un être humain et non pas seulement pour son physique. Dipankar, un Indien tout juste débarqué à Dubaï, vient récemment de faire son coming-out. Aux côtés du Palestinien Ramzi, les deux hommes tentent de profiter au maximum d’une liberté dont ils sont privés dans leurs sociétés homophobes. Martin est quant à lui atteint du VIH et compte bien profiter pleinement du choix abondant d’hommes, tandis que Philippe observe sereinement depuis son fauteuil roulant. Ces cinq personnages ont chacun leur raison d’être à bord mais au bout du compte, ils s’efforcent tous de trouver leur propre identité, qu’elle passe par l’amour des autres ou l’amour de soi.
Durant une semaine, l’équipe du film a donc suivi au quotidien, fête après fête, la vie à bord de « The Cruise ». « Le jour, la nuit, l’espace et la musique se mêlent pour devenir des notions abstraites », explique le réalisateur qui précise que l’équipe technique était mobilisée 24 heures sur 24. « Je n’avais jamais mis les pieds sur une telle embarcation et encore moins dans le cadre d’une croisière pour gays. Les scènes du film ont donc été particulièrement instructives. Il y a un certain mystère qui se dégage de ces croisières – à quoi ressemblent-elles vraiment ? S’agit-il uniquement d’une expérience hédoniste et hyper-sexualisée ? ».
Si le documentaire est peu avare en plans sur pectoraux, maillots révélateurs et barbes impeccablement entretenues, il prend le temps de nous présenter chacun des protagonistes au fur et à mesure des entretiens. L’occasion pour eux de se confier sur leurs vies privées et leurs combats en tant qu’homosexuel, entre doutes et incertitudes. Ces cinq hommes de cinq nationalités différentes ont tous accepté de se livrer sur leur passé et d’aborder de nombreux sujets. Pressions culturelles, rejets familiaux, acceptation de soi, normes sexuelles… chaque récit se révèle aussi surprenant que poignant. À l’instar de ce participant qui refuse de révéler son homosexualité à sa mère de peur qu’elle ne le rejette à jamais. Une véritable plongée dans une communauté qui se révèle très diverse, abordant au passage des sujets très forts comme le cancer, le handicap physique ou la séropositivité.
Pourtant, le réalisateur tient surtout à montrer une image positive de la communauté gay : « Malgré toutes les problématiques que je présente, je voulais montrer que la vie gay a aussi confiance en elle. Être gay ce n’est pas forcément un destin terrible qu’il faut supporter dans la souffrance. ». Porté par la musique lancinante de « My name is Claude » et de superbes plans sur le bateau, « Dream Boat » est ainsi plus qu’un voyage pailleté, c’est un véritable moment de liberté, loin des frontières politiques et sociales.
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